Chaque légionnaire est ton frère d'armes

Qu'est-ce qu'un frère d'armes ? Qui sont mes frères d'armes ? Que signifie la fraternité d'armes pour notre vie de tous les jours ? Le général COMLE revient sur la signification profonde du deuxième article du code d'honneur du légionnaire.

Nous connaissons tous cet article de notre code du légionnaire. Avons-nous réfléchi à sa signification profonde et mesurons-nous vraiment ses implications en termes de comportement et destyle de commandement ?

Qu'est-ce qu'un frère d'armes ? C'est tout simplement quelqu'un au côté de qui je suisappelé, un jour peut-être, à combattre en opérations. Quelqu'un à qui je vais devoir confier masécurité, ma vie, la réussite de ma mission. Quelqu'un dont je m'engage, en retour, à assurerla sûreté afin qu'il puisse lui-même remplir sa mission dans les meilleures conditions. Quelqu'unavec qui je vais partager des dangers, des peines, des succès, et parfois des échecs. Quelqu'unavec qui je ne pourrai « fonctionner » correctement qu'en lui accordant une confiance totale.C'est surtout quelqu'un que je connais bien, dont je sais les qualités et les défauts, les aptitudeset les faiblesses, les savoir-faire particuliers.

Qui sont mes frères d'armes ? Mon frère d'armes n'est pas seulement ce légionnaire demon groupe ou de mon équipage. C'est aussi mon chef d'équipe qui me guide, mon sous-officierqui me dirige et me conseille, mon lieutenant qui conduit l'action, mon capitaine quisupervise la manoeuvre et mon colonel qui a planifié notre engagement. Tous, ils me fontconfiance ; et à tous je dois loyauté, fidélité et excellence. Notre esprit de corps, qui fait notreforce au combat, repose à la base sur cette notion de fraternité d'armes bien comprise : c'estparce que chacun d'entre nous, dans l'action, considère l'autre non pas comme le maillon d'unehiérarchie ou un pion sur un échiquier mais comme un compagnon d'armes, que nous formonsune troupe cohérente, animée et performante.

Que signifie la fraternité d'armes pour notre vie de tous les jours ? Elle m'implique de concevoir et de mettre en oeuvre dès le temps de paix des relations humaines d'un typetrès particulier. Il me faut voir en chacun, dès l'instruction, et dans la moindre de nos activités,ce frère d'armes dont j'aurai un jour besoin au combat. Ce légionnaire maladroit que je suis tentéde bousculer un peu pour le faire progresser est mon frère d'armes. Ce sous-officier au ton cassantet aux manières un peu rudes est mon frère d'armes. Ce jeune officier distant ou manquantencore d'expérience est mon frère d'armes. Si je ne suis pas capable, dès le temps de paix, deleur accorder la confiance, le respect et l'attention qu'ils méritent, seront-ils à mes côtés des frèresd'armes fiables quand nous serons ensemble face au danger ? Puis-je me permettre d'humilierun homme aux côtés duquel je suis appelé à m'engager au combat ?

Il nous appartient de toujours nous souvenir que cette dimension de la fraternité d'armes est partieintégrante de notre métier ; elle conditionne notre manière d'être ; et elle doit être présentedans chacun des actes de commandement que nous posons. C'est ainsi que nous saurons éviterles pièges que nous tendent parfois la routine et la facilité : injustices, brimades, fautes decommandement, manque de considération… et toutes les autres formes de cette attitude inacceptable qui consiste à ne pas respecter la dignité de l'homme. Et c'est de cette manière aussique nous pourrons préserver ce qui fait la grandeur et la force de notre institution : son formidableesprit de corps et son efficacité dans l'action.
 

 Editorial Képi blanc N° 714 - septembre 2009

 

| Ref : 41 | Date : 07-10-2009 | 37687