LE

La Légion dans la manoeuvre de l'armée de Terre !

Retour
| 27 Mars 2017 | 35966 vues

La participation de la Légion étrangère à la remontée en puissance (reflation) est démesurée au regard de son format... Un pari à relever, digne de la Légion !

 

Publié le 27/03/2017 à 07:45 | DRP

 

En 2015, la concrétisation brutale des menaces terroristes identifiées depuis plusieurs années a rendu nécessaire une mobilisation des forces armées, à un degré très élevé, engageant les soldats massivement et de manière inédite sur le territoire français, en plus du déploiement dans de nombreuses opérations extérieures. Face à cette situation de dépassement des seuils opérationnels fixés, un remaniement des structures et des forces vives du ministère s’est avéré nécessaire. Il s’agit de déployer, pour l’armée de Terre,  une force opérationnelle projetable de 77 000 militaires. Dès le 1er janvier 2016, les organigrammes des formations sont remaniés : 33 unités élémentaires (UE) sont ajoutées au sein des corps de la force opérationnelle terrestre (FOT), dont 12 au sein de la Légion étrangère. Sur le même temps, le  transfert et la densification de la 13ème DBLE au camp du Larzac sont décidés.

La participation de la Légion étrangère à la remontée en puissance (reflation) est démesurée au regard de son format. Plus d’un tiers de l’effort global repose sur les 11.6% que représente le volume de la Légion au sein de l’armée de Terre sur son nouveau format. Après avoir connu des plans de recrutement à moins de 1 000 engagés, elle recrute 1 810 légionnaires dès 2015, 1 700 légionnaires en 2016 et ouvre un plan de recrutement à 1 300 candidats cette année. En trois ans, la Légion étrangère aura retrouvé l’effectif qu’elle a perdu en vingt ans, en passant de 6700 à plus de 8900 hommes en 2018. L’effort est conséquent, avec un gain de 2000 postes en trois ans (+32%), il engage toute la Légion. En 2018 la Légion devrait aligner 461 officiers, 2014 sous-officiers et 6487 légionnaires.

Le général Maurin met sous pression son état-major (ressources humaines, la sécurité et la communication), et ses trois formations du socle de la Légion étrangère : groupement de recrutement de la Légion étrangère (GRLE), 4e régiment étranger (instruction) et 1er régiment étranger (évaluation, soutien de l’état-major). « La mission fixée est de créer une unité de combat supplémentaire dans chacun des cinq régiments appartenant à la FOT (2e REI, 2e REP, 1er REC, 1er REG et 2e REG), et de faire de la 13e DBLE qui comptait une soixantaine de militaires permanents aux Emirats arabes unis, un régiment d’infanterie métropolitain à plus de 1200 hommes. ». Trois ans pour réaliser la mission : créer douze unités élémentaires (UE) dont huit d’infanterie, deux de génie, une de cavalerie, et une de commandement et de logistique. Et la mission, à la Légion étrangère, est sacrée ! Le général commandant la Légion étrangère sait que l’enjeu de cette manœuvre RH est la réussite du nouveau modèle “au contact” de l’armée de Terre, voulu par le général d’armée Bosser chef d’état-major de l’armée de Terre : “Avec cette nouvelle organisation, l’armée de Terre met en avant ce qui la caractérise le mieux : le contact, protecteur des Français, agressif avec l’adversaire, pragmatique avec les réalités du monde d’aujourd’hui.”

 

« Une manœuvre Légion complexe, globale, pilotée par l’état-major »

 

 Globalement, la réalisation du plan de recrutement est dévolu au GRLE et à la communication, le plan d’encadrement (quantité et qualité) reste à la main de la division des ressources humaines (DRH-LE) de l’état-major, et la réalisation du plan de formation incombe au 4e régiment étranger, ès fonction. La manœuvre est complexe, elle est pilotée par l’état-major du commandement de la Légion étrangère (COMLE). Il s’agit de recruter massivement des jeunes légionnaires pour s’aligner sur les droits ouverts en effectif. Parallèlement, il faut assurer un lissage de l’ancienneté dans les nouvelles UE et au sein de la 13DBLE valorisée. Tous les régiments des forces se sépareront de 60 à 170 sous-officiers et légionnaires au profit de la montée en puissance de la 13DBLE. Le 2REP et le 2REI fournissent le gros de ces contingents d’anciens, lors même qu’ils doivent créer leur nouvelle compagnie de combat. Simultanément, il faut former la nouvelle génération de caporaux, de spécialistes et de sous-officiers pour préserver la capacité opérationnelle des régiments. L’absentéisme lié à cette formation importante ne doit cependant pas être un obstacle aux déploiements des régiments en opérations extérieures ou sur le territoire national (Sentinelle).

Le groupement de recrutement de la Légion étrangère (GRLE) s’est redéployé pour assurer un recrutement de qualité, en faisant un effort important sur le « recrutement francophone ». Plusieurs opérations se succèdent sur le territoire national. En Bretagne, dès le mois de janvier, huit des principales villes bretonnes ont vu les képis blancs déployer leurs stands mobiles d'information. (Rennes, Vannes, Lorient, Quimper, Brest, Morlaix, Saint Brieuc et Saint Malo). Puis les recruteurs de la Légion se sont appuyés sur la définition « alpine » de l’Adret pour monter une opération au cœur des montagnes du 06 au 24 février 2017, au pied des pistes de ski. En mars, l’opération « Bonaparte » s’est déroulée en Corse (Bastia, Ajaccio). Avril connaitra l’opération « César » (Ardennes,  Marne, Aube, Haute-Marne, Vosges, Haute-Saône, Doubs),  et en mai le GRLE lancera ses recruteurs-nomades dans le grand Sud-Ouest. Le recrutement se fait sur un seul métier, celui de combattant. C’est l’usage à la Légion étrangère, tous commencent comme grenadier voltigeur, sapeur ou cavalier porté. Il n’y a pas de campagne de recrutement axée sur des métiers particuliers ou sous-tension. La Légion recrute du combattant, qui se spécialisera à l’issue de sa formation initiale, lorsqu’il rejoindra son régiment d’affectation. La réalité opérationnelle reste la seule prise en compte et la Légion étrangère ne l’a jamais caché.

La division rayonnement et patrimoine (DRP) - le service communication de la Légion - a révélé, en janvier 2017, toute une nouvelle panoplie d’outils pour améliorer la visibilité de la Légion étrangère sur internet et les réseaux sociaux. Une action clairement menée pour améliorer son référencement sur l’international et y capter la ressource étrangère qui représente jusqu’à 90% (cf. carte de répartition des lieux de naissance des Légionnaires au 20/01/2017) des légionnaires. Il s’agit également d’expliquer la manœuvre en interne comme vers l’extérieur. L’implantation de la 13 DBLE sur le plateau du Larzac, la contrainte d’adaptation de l’infrastructure, la manœuvre RH, le plan de formation, nécessitent un accompagnement en communication. Celle-ci s’appuie sur une politique active auprès des médias. Les demandes de reportages des télévisions étrangères ou françaises qui viennent raconter l’histoire de la Légion sont orientées vers des reportages stratégiques. L’angle d’attaque est à chaque fois le même : sans fard, ni coulisse. La Légion s’affiche sans complexe. Parallèlement l’actualité a largement contribué à augmenter la visibilité des bérets verts et des képis blancs au cœur des évènements qui ont bousculé la France. Là encore, c’est la vérité comme slogan ! Ce sont ces images qui participent à délivrer une image authentique de la Légion et du légionnaire. Enfin, présente sur les réseaux sociaux (facebook, twitter), la Légion diffuse des clips « sans commentaire » qui, comme des témoignages, amènent à mieux connaitre la Légion... Elle s’appuie également sur la diffusion de photos prises au plus près des régiments engagés. Autant de visuels qui revendiquent tout l’univers opérationnel de la Légion et disent : « Venez, si vous avez du cran ! Engagez-vous ! » ... Pas de pose, pas de retouche, pas d’arrière-pensée, pas de couleur à la mode… Il n’y a pas de campagne a proprement dit. Ou parfois au détour d’une affiche un : « La Légion recrute». Ainsi s’affiche la Légion étrangère, avec toute la rectitude du langage militaire et qui, pour la Légion étrangère, s’affranchit des codes occidentaux pour être véhiculé sur l’international. Il faut être compris indifféremment par l’afrikaner, le népalais, le guatémaltèque, ou le  Kalmouk.

 

Répartition des nationalités de la Légion étrangère par grands ensembles – 2017 | DR

 

Au recrutement, succèdent les phases d’évaluation des candidats dans les murs du 1er  régiment étranger et son centre d’évaluation et d’incorporation (CSI) : évaluation sportive, psychologique, médicale et de sécurité. Le volume des candidats s’amenuise au fur et à mesure qu’ils gravissent la pyramide de sélection. Seuls 32% d’entre eux franchiront la sélection.  Ces étapes amènent le dossier de chaque candidat devant la commission de sélection organisée au sein de l’état-major du COMLE. C’est elle qui tranche ! En 2016, sur 100 candidats ayant bénéficié d'un entretien au sein d’un poste de recrutement, 20 seront incorporés (cf. schéma du processus).

 

Le processus de recrutement de la Légion étrangère – 2016 | DR

 

C’est ensuite le 4e régiment étranger qui prend le relai. Centre de formation délégué (CFD), il est le creuset de la Légion étrangère. Sa mission est de former l'ensemble des jeunes légionnaires, d’intégrer dans une même institution des hommes venus de tous les pays, mais aussi d’assurer la formation des cadres et des spécialistes des régiments opérationnels. Il s’attache à apporter des solutions adaptées et instantanées à l’augmentation brusque du recrutement, avec les acteurs des chaînes formation, soutien et équipement de l’armée de Terre (EMAT, SIMMT, DRHAT/SDF et PILDOM). Le régiment de formation de la Légion étrangère est un outil à plein régime jusqu’en 2018.

 

« En cible à compter de fin 2018, courant 2019 »

 

L’état-major du COMLE estime qu’il sera « en cible à compter de fin 2018, courant 2019 ». En 2016, 8300 candidats crédibles ont ouvert un dossier au sein d’un poste de recrutement. 1 700 ont validé leur parcours par un engagement et une incorporation. Le vivier international de la jeunesse de 18-29 ans est suffisamment important pour que la Légion puisse poursuivre le sur-recrutement sans dégrader son taux de sélection.

 

 

 Droit Légion étrangère 2017©BRN