En ce début 2020, mes vœux seront tout particulièrement destinés aux cadres et légionnaires du Groupement de recrutement de la Légion étrangère(GRLE), auxquels le dossier de ce mois de janvier est consacré. Avec sa portion centrale basée au Fort de Nogent et son fronton bien connu des candidats, le GRLE a pour mission de mettre en œuvre la politique de recrutement de la Légion étrangère et de gérer l’ensemble de son dispositif de recrutement.
Ce dispositif est très décentralisé et ses différents organismes permettent un parcours du candidat qui débute au Poste d’Information de la Légion étrangère(PILE), passe par un des deux Centres de Présélection (CP : à Nogent et Aubagne), et se termine à Aubagne au Centre de Sélection et d’Incorporation (CSI) où a lieu la phase finale de la sélection. C’est aussi un dispositif adapté, qui permet de faire connaître la Légion, de rayonner et de recruter partout, d’affirmer notre singularité et de témoigner de notre présence en France uniquement : en effet, la Légion étrangère n’envoie pas de recruteurs à l’étranger.
C’est pourquoi elle se doit d’adapter en permanence son dispositif au besoin du recrutement et à la nature de son recrutement. Au milieu du XIXe siècle, les candidats pouvaient directement s’engager auprès d'une mairie ou de la gendarmerie locale. Ce n’est que plus d’un siècle après sa création, en 1933, que la Légion est devenue responsable de son recrutement. Depuis, les évolutions ont été nombreuses : emménagement du dépôt dans l’emblématique Fort Saint Nicolas à Marseille en 1941, rapatriement de la Légion vers Aubagne en 1962, extension du nombre de postes d’information jusqu’à atteindre le volume de 23 postesen 1975 (contre 10 aujourd’hui), puis ouverture d’une communication du recrutement complètement internationale avec l’avènement d’Internet. Enfin, un poste a été ouvert à Tahiti en 2018 pour encourager l’engagement d’un vivier français. Sophistiqué mais surtout pas figé, ce dispositif traduit la volonté de la Légion de se tenir au rendez-vous de l’Histoire.
Quelle que soit l’époque, la tâche du recruteur a toujours revêtu un aspect sensible. Les légionnaires affectés à cette mission pendant un certain temps doivent être pleinement tournés vers leur époque et connaître parfaitement les valeurs de l’institution qu’ils servent. Ils doivent faire le “pari” de l’homme qui fait acte de candidature. Des milliers de rencontres,de vies exposées, d’aspirations exprimées mais partout l’attrait du mythe, d’un nouveau départ, d’une nouvelle chance. Parmi ces milliers d’individus motivés ou bien déçus de la vie, prêts à tout, cherchant parfois une place ou tout simplement à nourrir une famille dans un asile un tant soit peu accueillant, lequel fera un bon légionnaire ? C’est à cette question difficile que les recruteurs doivent répondre, en faisant preuve de discernement tout en passant le candidat au crible des critères de recrutement.
En 2020, la Légion étrangère, dont le recrutement est une véritable cartographie et le reflet des crises affectant notre monde, devra recruter environ 1 700 volontaires pour en faire des légionnaires. Si le parcours d’entrée du légionnaire a bien varié au cours de son histoire, la Légion étrangère honorera son quota en candidats puis en légionnaires. Chaque recruteur du Groupement de Recrutement remplira sa mission en gardant à l’esprit que, parmi les candidats qui franchissent avec humilité ou appréhension, fierté ou abandon, le seuil frappé de la grenade à sept flammes, se trouvent devant eux les personnages et les héros de la Légion de demain : futurs chefs de groupe et de section, adjudants d’unité ou officiers de cette troupe combattante aux 40 000 légionnaires tombés au Champ d’Honneur depuis sa création.
Cette année encore, le GRLE recrutera les forces vives de la Légion de demain, créant avec chaque nouveau candidat le lien ininterrompu de la relève qui fournit, depuis 189 ans, des légionnaires servant la France avec Honneur et Fidélité.
Je vous souhaite une très bonne année, ainsi qu’à tous ceux qui vous sont chers.
Général de brigade Denis Mistral,
commandant la Légion étrangère
(Editorial du magazine Képi-blanc N° 827)
| Ref : 680 | Date : 30-12-2019 | 41477